Film : L'AMI, FRANCOIS D'ASSISE ET SES FRERES

L'Ami, François d'Assise et ses frères
Date de sortie : //28 décembre 2016
Pays du film : France
Durée : 1 h 27
Réalisé par : Renaud Fely, Arnaud Louvet
Avec : Jérémie Renier, Elio Germano, Yannick Renier
Public : Adultes et ados


Résumé

À l’aube du XIIIe siècle en Italie, la vie simple et fraternelle de François d’Assise auprès des plus démunis fascine et dérange la puissante Église. Entouré de ses frères, porté par une foi intense, il lutte pour faire reconnaître sa vision d’un monde de paix et d’égalité.

Notre avis

Plutôt qu’une nouvelle « vie de saint François », Renaud Fély et Arnaud Louvet, deux jeunes réalisateurs français, ont imaginé un regard sur les rapports entre François, qui vise la pureté de l’Évangile, et Frère Élie, qui cherche comment cet idéal peut être viable et durer.

Visuellement, L’Ami, de Fély et Louvet, rappelle Les Onze Fioretti de François de Rossellini (1950). Comme lui, les Frères sont vus en plein air, dans de splendides campagnes, et vêtus de bures effrangées. L’histoire ne connaît pas la jeunesse de François et ne fait pas même allusion aux épisodes célèbres qui l’émaillent. Là, François a déjà attiré de nombreux Frères et il songe à un véritable ordre religieux, qui ait l’autorisation de Rome. Mais la règle qu’il compose est refusée et c’est Élie de Cortone – Frère Élie – qui la corrige, en biffant les passages controversés. Son rôle de second auteur de la règle est sans doute exagéré mais il est vrai qu’il est déjà ministre général de l’ordre. C’est seulement après la mort de François, en 1226, qu’il fera sentir sa puissance, ce qui ne sera pas du goût de tous. Néanmoins, les réalisateurs-scénaristes ont tenu à lui donner une certaine égalité avec François, du vivant de celui-ci. Il est l’« ami » du titre. « C’est le film Amadeus de Forman, dit Renaud Fély, où Mozart est vu par Salieri, qui nous a donné le déclic. Nous avons compris qu’il nous fallait un intercesseur entre le saint et l’homme, entre François et nous. En découvrant Élie, nous avons compris que c’était lui. » Frère Élie est moins connu que Frère Léon (joué par Éric Caravaca), mais sa place dans l’ordre naissant des Frères mendiants en fait un alter ego tout désigné du Poverello. L’enthousiasme naturel de Jérémie Renier et son visage volontaire conviennent bien au personnage d’Élie.

« Pour François, explique Arnaud Louvet, il n’y a que des “frères”. Lui-même ne veut pas être appelé “père”. » C’est dans ce contexte d’égalité que se noue le drame du film : la trahison d’Élie « corrigeant » la règle de François pour qu’elle soit plus acceptable pour l’Église. Du côté du Vatican – évoqué en de sobres salles gothiques contrastant avec la campagne riante –, le cardinal Hugolin (Olivier Gourmet) est celui qui comprend Élie et auquel celui-ci se confie. Dans l’intelligence qui les lie, François se trouve délaissé, seul avec ses désirs d’une société vraiment évangélique, donc vraiment fraternelle. Le jeune acteur italien Elio Germano, star dans son pays, joue à merveille de son physique alarmé et de son visage lumineux pour traduire la personnalité unique de « l’autre Christ ». Les étapes qui jalonnent le départ de François, des stigmates au dernier passage près de Claire, paraissent évidentes avec lui. Il fait de François l’ami que les spectateurs attendaient.