PRIERE & TRAVAIL

Vivre du travail de ses mains, c’est l’une des règles de la communauté, expliquent doucement sœur Raphaëlle et sœur Michael. Toutes deux se font les porte-parole des 28 moniales de l’abbaye Notre-Dame de l’Annonciation, nichée dans le paysage enchanteur du Barroux.

Entre deux offices, elles reçoivent à la boutique, séparées des visiteurs par une petite cloison en bois. Une autre des règles de vie. « On est séparés du monde pour être à Dieu » expliquent-elles. Pas question donc de pénétrer là où les sœurs travaillent et notamment dans l’atelier de confitures, situé au sous-sol. 13 000 pots par an

Des très nombreuses activités lucratives de l’abbaye, c’est la plus importante. Entre 12 000 et 13 000 pots sont produits en moyenne chaque année.

Les secrets ? Une recette maison, une fabrication purement artisanale, « sans additif ni colorant ! », des fruits de saison et de Provence et des parfums originaux (potimarron-vanille, citre-orange…) sans oublier les traditionnels mais très prisés” abricot” (de Caromb) et” figue”.

Une partie des fruits est cultivée sur les terres de l’abbaye. 15 hectares au total qui produisent aussi des vignes (5 hectares), un peu de lavande et une centaine d’oliviers. Ils permettent de réaliser environ 300 bouteilles par an, avec l’aide du Moulin des moines de l’abbaye Sainte-Madeleine, à quelques kilomètres de là.

C’est d’ailleurs en raison de cette présence que les sœurs sont venues s’installer au Barroux en 1986. « Chez les bénédictins, c’est une tradition. Les moines et les moniales ne doivent pas être très éloignés. »

Les affaires marchent bien. Le tourisme amène de nombreux clients, qui ne repartent pas sans un souvenir de Provence. En Allemagne, une entreprise de vente par correspondance achète même au moins 1000 pots par an.

50 % des revenus de l’abbaye

« On pourrait augmenter la production mais on manque de main-d’œuvre et de temps » relèvent sœur Raphaëlle et sœur Michael. De toute façon, pas question « de viser la productivité mais la qualité. On veut rester artisanales. »

Néanmoins, outre le respect de la règle bénédictine, le travail manuel est une nécessité pour faire vivre la communauté. Les diverses activités lucratives assurent en effet « au moins 50 % des revenus ».

La prière, prioritaire !Très différentes, toutes ont un point commun, « elles peuvent être interrompues pour les temps de prière et les offices qui rythment la journée monastique (de 5h05 à 20 heures) ».

C’est par exemple le cas de la reliure, domaine réservé de trois sœurs, formées à l’art du métier. Les demandes sont très variables et les tarifs également (de 10 à 300 euros selon l’état et le travail demandé). « Cela va de la consolidation de BD à la reliure de registres diocésains en passant par des documents de famille. »

Il y a aussi la confection d’ornements liturgiques en soie, avec une sœur spécialement formée. La fabrication de vêtements d’enfants, l’édition, le cartonnage, l’encadrement, l’enregistrement de CD et depuis trois ans, une nouvelle activité : le nougat, avec « une recette maison secrète »…