Homélies de la Noël B
NOËL
La Sainte Famille
Cette nuit, se manifeste la gloire de Dieu au milieu des hommes : non pas dans le fracas d’une toute puissance redoutable, mais dans la fragilité de la chair, dans la douceur d’un tout petit enfant. Cette nuit, Dieu vient habiter notre terre.
Dieu vient nous rejoindre. Il « a demeuré parmi nous », Lui qui est la Vie, il est entré dans le cours de la vie ; Lui qui est la Lumière, Il s’est rendu visible à nos yeux en resplendissant dans un enfant. Lui qui est Créateur de toutes choses, Il s’est fait l’un de nous en prenant chair dans le sein d’une femme. Avec la naissance du Sauveur, l’amour de Dieu devient, palpable, accessible, fait de chair et de sang. C’est un amour vulnérable comme un enfant, qui ne s’impose pas, qui peut ne pas être reconnu et qui peut même être rejetté.
Mais c’est un amour « fort comme le mort », car il est un Oui total à la vie humaine. Si Dieu n’aimait pas le monde, il se serait bien gardé de venir l’habiter… Si Dieu n’aimait pas notre humanité, ou s’il méprisait le corps, il ne serait certainement pas devenu chair humaine et palpitante. En devenant l’un de nous, nos yeux se remplissent de lumière, et nous comprenons que la plus humble vie humaine a du prix, qu’elle vaut la peine d’être vécue, pleinement et dans la joie. Nous comprenons que le bonheur n’est pas seulement pour plus tard, ni dans la fuite pour oublier la mort.
Nous ne sommes plus seuls dans la nuit, car « un enfant nous est né, un Fils nous a été donné » ! Nous ne venons pas des ténèbres, et nous ne retournerons pas aux ténèbres, et nous ne marcherons plus dans les ténèbres… car Il est avec nous ! Nous ne sommes pas seulement des poussières d’étoiles, promises à disparaître bientôt, condamnées à l’oubli du néant… car Il est avec nous ! Non, nous ne sommes pas des automates programmés dès notre conception et formatés par notre éducation, mais sommes créés libres,capables de nous appuyer sur nos limites pour prendre notre envol, capables de choisir notre vie, capables de choisir Dieu… car Il est avec nous !
Cette nuit, Dieu vient épouser notre terre et faire de nous sa joie. Désormais notre vie humaine devient une vie nouvelle, bienheureuse, sans ténèbres, elle devient une vie divine. Et cette vie, elle n’est pas pour Lui seul, ni pour demain : elle est pour ce monde-ci, et elle est pour nous, elle est pour tous ! Oui, riches et pauvres, jeunes et vieux : cette nuit, ce que le cœur de l’homme attendait depuis l’aube des temps se réalise, ce que le cœur de l’homme désirait ardemment devient réalité : un temps de grâce s’ouvre, un monde nouveau se lève, un peuple nouveau se dresse, « ardent à faire le bien », car Dieu se donne et nous invite à partager sa vie, en faisant de nous ses fils.
LA SAINTE FAMILLE
Noël
ABRAHAM ET SARAH
La figure d'Abraham a de quoi impressionner. Ce n'est pas sans raison que la tradition lui a donné le titre «de Père des croyants ». Sa vie familiale est marquée par l'épreuve. Non seulement, in ne peut avoir d'enfant, mais plus encore les promesses de Dieu (« Tu auras une terre et une descendance ») seront impossibles à réaliser sans ce descendant. Quand enfin vient l'enfant si longtemps attendu, Isaac, voici qu'Abraham juge être de son devoir de l'offrir en sacrifice ! Le refrain de la lettre aux Hébreux montre bien le cœur de l'attitude d'Abraham : «Grâce à la foi… grâce à la foi… grâce à la foi…» L'enfant tant attendu deviendra pour lui l'enfant risqué pour être ensuite l'enfant rendu, fils de la promesse plus que jamais. «Il pensait que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique.» Prophétie de Jésus lui-même, le Fils unique mis à mort et rendu à la vie par la résurrection.
JOSEPH ET MARIE
Comme Abraham et Sara, Joseph et Marie ont été affrontés à l'épreuve de la confiance : «Comment cela se fera-t-il… ?», demande Marie à l'Ange. « Ton fils provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée », lui dit Siméon. La note dramatique de cette prophétie ne doit pourtant pas masquer la joie de la rencontre du Messie reconnu et confessé dans ce visage nouveau-né : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face des peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire de ton peuple Israël » Tout est déjà donné, y compris l'appel adressé à tous les peuples du monde pour entendre l'évangile et vivre de la foi, comme Abraham, père d'une multitude. Mais aussi comme Marie, la femme du oui, la femme de la foi forte et active, qui, dès le départ, accepte les joies et les épreuves de son choix. Comme Joseph, enfin, l'homme juste, ajusté à la volonté de Dieu, pour assumer avec dignité et autorité la mission envers sa jeune épouse et envers le Fils de Dieu à qui il donne un nom qui l'inscrit dans une lignée humaine.
NOS FAMILLES
La foi et la confiance, même dans les jours d'obscurité, telle est la caractéristique de la famille d'Abraham et de celle de Nazareth. Nos familles d'aujourd'hui, prises dans bien des turbulences souvent, sont tout autant provoquées à la foi et à la confiance. Pour cela, elles ne peuvent se passer de cette source de grâce que sont la prière et la liturgie. Elles ne peuvent se dispenser de la vie sacramentelle et de l'écoute de la Parole de Dieu.
C'est par là qu'elles pourront recevoir la grâce d'un amour qui tend plus à donner qu'à recevoir, d'un amour fait d'attention à l'autre et de respect qui lui permet de grandir en devenant responsable.
Que la famille des patriarches, que la famille de Jésus, nous inspirent et nous donnent le courage de relever un tel défi !
Ho
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