• le 19 mars 1945 : mort en camp de concentration du Bienheureux Marcel Callo, parce que « trop catholique » !
« Chaque soir aussi, ma pensée va vers la France; Dieu, Famille, Patrie, trois mots qu'on ne devrait jamais séparer ».
Le 6 décembre 1921, naît à Rennes le second garçon d'une fratrie de 9 enfants. A 8 ans, Marcel est croisé de la Croisade Eucharistique. Chaque matin, il sert une Messe ; il se confesse tous les quinze jours, fidèle à la devise des croisés: «Prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre.»
Apprenti typographe à 12 ans, ouvrier à 14 ans il est surnommé par les ouvriers « l'autre Jésus ».
Un de ces chefs scouts dira : « il est monté à la route faisant de son activité à la JOC son service routier ». Ce qui sera confirmé par une plaque mise par les scouts autrichiens sur un mur du camp de concentration de Mauthausen :
« fidèle à sa promesse scoute, il a témoigné pour le Christ, par son action dans le monde de la jeunesse ouvrière jusqu'à en perdre la vie ».
Le 19 mars 1943, il est requis au STO en Thuringe. « Je ne pars pas comme travailleur, mais comme missionnaire. »
De fin 1942 à mai 1943, le cardinal Suhard négocie avec les Allemands pour officialiser la présence d'aumôniers parmi les déportés du STO : refus du régime Nazi.
Le ministère auprès des étrangers est interdit aux prêtres allemands. Le cardinal-archevêque de Paris, Emmanuel Suhard, et son vicaire, l'abbé Jean Rodhain, s'efforcent d'édifier, sur le modèle de l'Aumônerie Générale des Prisonniers de Guerre, une institution pour les travailleurs civils. Les négociations avec le Régime Nazi échouent. Aucun envoi de prêtres français en Allemagne n'est autorisé.
Des prêtres partent pourtant en Allemagne avec des identités cachées d'ouvrier. L'abbé Hadrien Bousquet est un de ces pionniers. Il arrive à Berlin le 15 janvier 1943. L'abbé Rodhain lance une opération illégale: la « Mission Saint Paul» et dans l'« expérience des Catacombes ».
À la suite du Père Hadrien Bousquet, 25 prêtres sélectionnés par le père Jean Rodhain, aumônier national des prisonniers de guerre et futur fondateur du Secours Catholique, sont envoyés clandestinement dans le Reich. Puis d'autres prêtres sont requis au STO sans que leur qualité de religieux soit repérée. 273 prêtres prisonniers de guerre, acceptent le statut de «travailleurs libres » et rejoignent le STO. 3 200 séminaristes et militants de l'Action catholique partent contraints ou volontaires
L'Eglise dispose d'une organisation de quelque 10 000 militants dans les 400 camps de travail à travers l'Allemagne. Ces hommes ont renoncé ainsi à la protection que la Convention de Genève garantit aux prisonniers de guerre et ils sont livrés, comme travailleurs civils, à l'arbitraire de la Gestapo. Par cette action secrète,
la France est la seule nation qui réussit à édifier dans le Reich allemand sa propre organisation pour le soutien des travailleurs forcés.
Le 19 avril 1944, vers onze heures, Marcel Callo revient au baraquement. Joël qui travaille de nuit, s'étonne de le voir revenir si tôt:
- «Alors Marcel, tu es malade ?
- Je suis arrêté.»
Un agent de la Gestapo entre aussitôt, fouille les affaires de Marcel et examine avec attention, livres et papiers. Joël lui demande les raisons de cette arrestation.
- «Monsieur est beaucoup trop catholique», répond froidement le policier qui ordonne à Marcel de le suivre. Le jeune homme prend son chapelet, serre la main de Joël et lui recommande:
- «Tu écriras à mes parents et à ma fiancée que je suis arrêté.»
Arrêté par la Gestapo le 19 avril 1944, emprisonné à Gotha, il écrit à son frère aîné qui vient d'être ordonné prêtre:
"Heureusement, il est un Ami qui ne me quitte pas un instant et qui sait me soutenir et me consoler. Durant les heures pénibles et accablantes, avec Lui on supporte tout. Combien je remercie le Christ de m'avoir tracé le chemin que je suis en ce moment".
"Le 16 juillet, dans un débarras de maraîcher, il reçoit l'Eucharistie pour la dernière fois. Il écrit : "Communion, joie immense!"
Sa condamnation à mort tombe: « Par son action catholique auprès de ses camarades du Service du travail obligatoire, a été un danger pour l'Etat et le peuple allemand »,
Il est alors déporté au camp de concentration de Flossenburg le 6 octobre, puis à Mauthausen le 20 octobre 1944. Le 19 mars 1945, dévoré par la dysentrie, qui ravage le camp, Marcel se traine vers la fosse qui sert de toilettes. A bout de forces, il tombe dans la fosse, comme tant d'autres. Il a 23 ans. Le Colonel Albert Tibodo compagnon de misère et bon samaritain, l'arrache à la fosse, le lave, l'habille de guenille et le transporte sur son grabat. Il témoigne: "C'est alors que j'ai vu que ce n'était pas un garçon comme les autres... il n'avait plus qu'un regard qui voyait autre chose… Son regard exprimait la conviction profonde qu'il partait vers le bonheur..."
Les 51 victimes du décret de persécution eurent la grâce d'avoir part à la Passion de Jésus. Dans la souffrance, la prière, l'Eucharistie reçue en secret mûrit leur vie spirituelle, passant d'un apostolat militant à un apostolat de rédemption. Ils n'envisageaient pas l'approche de la mort comme un échec mais comme l'accomplissement de leur mission.
Ils offraient leurs souffrances et leur vie pour la libération de leurs frères et pour la rechristianisation de la France.
«
Si quelqu'un subit la mort à cause du bien commun sans le rapporter au Christ, il ne mérite pas l'auréole.
Mais s'il se réfère au Christ il mérite l'auréole et est martyr en défendant la cité contre l'attaque des ennemis qui veulent corrompre la foi au Christ, et en trouvant la mort en une telle défense. » Saint Thomas d'Aquin
Le pape Jean Paul II le béatifie le 4 octobre 1987.
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/03/cest-arriv%C3%A9-un-19-mars.html