| | Jacques et Raissa Maritain, un couple indissociable | |
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Pearl Admin
Messages : 12868 Date d'inscription : 12/02/2014
| Sujet: Jacques et Raissa Maritain, un couple indissociable Jeu 4 Mai - 8:37 | |
| TÉMOINS
Les Maritain, un couple indissociable
Si Jacques Maritain, philosophe prolixe, est encore beaucoup lu aujourd’hui, Raïssa, son épouse, philosophe, mais aussi poète et mystique, s’efface peu à peu de la mémoire collective. Pourtant, comme il l’affirmait lui-même, sans Raïssa, « il n’y aurait pas eu de Jacques Maritain ».
A l’Ouest de Strasbourg, dans la vallée de la Bruche, un village alsacien, Kolbsheim. Sur la stèle de la tombe, au cimetière, un nom et un prénom en larges caractères, puis deux dates : « Raïssa Maritain, 1883-1960 ». En bas, à droite, en plus petit, un peu comme un hommage, un autre prénom, deux autres dates, puis cette conjonction de coordination qui semble tout dire, tout résumer : « Et Jacques, 1882-1974 ». Comme si le destin de ces deux intellectuels, de ces deux vies, ne formait qu’une seule et même existence, indissociable, irréductible. De sa muse, le philosophe a pu écrire que sans elle, « il n’y aurait pas eu de Jacques Maritain ». Ajoutant à l’intention de leur ami, l’écrivain Julien Green : « Raïssa m’aide tout le temps tandis que je trébuche sur les pierres du chemin ». Quel chemin ? Et quelles pierres ? Raïssa était-elle un Être envoyé, qui montre la voie, désigne l’objectif et préserve les pieds du faux-pas ?
D’où tenait-elle cette grâce ?
Chemin de sainteté, voies de la raison et de la prière, certitude de la miséricorde plus grande que tout. « Contempler – cette forme plus haute de l’action – et transmettre aux autres le fruit de cette contemplation » : la devise de saint Thomas d’Aquin, leur maître, leur sied à la perfection. À chacun. Car si Jacques fut le philosophe à l’œuvre foisonnante et cet être de prière, Raïssa fut celle qui mit les mots de la poésie sur une vie hors du commun, théorisa ce besoin irrépressible et vital de l’oraison, et se tint derrière et aux côtés de l’homme qui partagea sa vie. D’où tenait-elle cette grâce ? Même si elle laisse une œuvre poétique et philosophique remarquable, Raïssa passe volontiers d’abord pour une mystique. Ses écrits parlent pour elle. La mention des amis de jeunesse d’abord : Ernest Psichari ou Charles Péguy, il y a là l’évocation de deux êtres à la pensée aussi vibrionnante que leur existence. Une passion de l’humain adossée à un désir fou du ciel, des êtres épiques.
Un théologien contemporain a pu écrire que le mystique était cet homme – ou cette femme – « seul avec Dieu ». Sans doute. Mais d’une solitude toute relative, dès lors que vos contemporains reconnaissent en vous un maître, un ami, un sage, un prophète : une personne digne de confiance et d’être suivie. Quand, de surcroît, cette personne est formée aux disciplines de l’intelligence et dotée de la grâce de l’accueil, comme le fut Raïssa Maritain, la personnalité s’avère unique et universelle aussi. Toujours disponibles, les « Notes sur le Pater », rassemblées par Jacques et publiées par lui, mais écrites par Raïssa, traduisent ce haut degré d’exigence avec soi et cette infinie profondeur de la bonté. Mystique du cœur intelligent, meilleur fruit d’un thomisme mûri et généreux.
La fille d’Israël
Curieux couple, totalement incompréhensible selon les critères de notre époque. La fille d’Israël – son prénom veut dire Rachel – et le fils de Calvin allaient donner à notre histoire des lettres et de la pensée le duo le plus inouï qui soit. Ils s’unissent après des années communes sur les bans de la Sorbonne, étudiants impatients des leçons de Bergson. Le maître apaise un peu la terrible angoisse intellectuelle et existentielle qui les habite… et les rassemble. Deux ans plus tard, en 1906, ils sont baptisés dans l’Église catholique romaine. Léon Bloy est leur parrain.
Six ans plus tard, ils font le vœu de vivre comme frère et sœur… Cela ne les empêche pas, entre les deux guerres mondiales, de devenir la coqueluche – si l’on ose dire – du Paris des Arts et des Lettres. Leur maison de Meudon ne désemplit pas : Gide, Cocteau, mais aussi le futur cardinal Congar, et bien d’autres. Si Jacques manifeste alors cette incroyable capacité à tout entendre, à tout écouter, à renvoyer ses hôtes à eux-mêmes, à leur conscience, à leur liberté, c’est Raïssa qui reçoit et consigne dans ses notes les écrits destinés à devenir ce livre qui fera date : Les grandes amitiés. Raïssa qui aime la liturgie catholique, cette prière des grandes œuvres de Dieu, cette épiphanie divine… mais veille à préserver l’oraison, la sienne et celle de Jacques, cette prière intime sans laquelle rien n’est possible.
La gardienne et la muse
D’où vient ce génie de l’autre, de l’hôte ? Où chercher les racines de cette soif du ciel manifestée par les Maritain ? D’une enfance sans père pour Jacques, alors que sa mère est divorcée d’un avocat protestant sans éclat et sans envergure ? D’une famille juive émigrée pour Raïssa ? Comment oublier Rostov-sur-le-Don et ses pogroms, et ce grand-père maternel, hassid, juif pieux, qui tourne tout en joie et gratitude, en dépit des tracasseries de la police tsariste ? Si Dieu existe, il est immense comme la Russie et proche des hommes comme le Messie.
Vie sans enfants, mais pas sans fécondité. Où Jacques aurait-il trouvé la source pour évoquer dès les années 1930, à l’ère de la montée des périls, ce « Mystère d’Israël », selon une expression que reprendront les textes du concile Vatican II ? Raïssa la gardienne et Raïssa la muse. Il y a quelque chose de profondément touchant, émouvant même, à découvrir les manuscrits de l’un annotés par l’autre. « Tu es aussi professeur de philosophie », critique Raïssa relisant les épreuves du Court traité de l’existence et de l’existant. « Mais je suis un homme libre. Il faut laisser ça parce que c’est vrai », répond Jacques. Superbe échange d’un couple où la quête de l’existence fut réglée par cette obsession : la vérité.
Tout à la fois Marthe et Marie
Dans le second tome des Grandes amitiés, joliment intitulé Les aventures de la Grâce, Raïssa Maritain décrit l’effervescence intellectuelle et humaine, donc spirituelle, qui fit palpiter le cœur de la France après 1918. Elle écrit au chapitre VII : « Je me propose de parler maintenant de quelques événements domestiques et des premiers travaux de Jacques ». La maison et la philosophie. Marthe et Marie, les choses de la terre et celles du ciel… Dans De la vie d’oraison, elle rappelle : « La vie contemplative est selon les choses divines et la vie active selon les choses humaines, c’est pourquoi saint Augustin dit : “ Au commencement était le Verbe, voilà celui que Marie entendait ; et le Verbe s’est fait chair, voilà celui que Marthe servait ” ». Une citation en forme d’autoportrait pour celle qui fut l’ange et la muse d’un des plus beaux esprits du XXe siècle. Benoît Vandeputte, dominicain, 2008 http://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Jacques-et-Raissa-Maritain/Les-Maritain-un-couple-indissociable _________________ « Tu es grand, Seigneur, et louable hautement… Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose pas en Toi » (saint Augustin).
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| | | Pearl Admin
Messages : 12868 Date d'inscription : 12/02/2014
| Sujet: Re: Jacques et Raissa Maritain, un couple indissociable Jeu 4 Mai - 8:46 | |
| parmi leur entourage proche : Bernanos, l'ami Bloy, Maurice Sachs ou encore Paul VI... l’une des grandes voix qui s’élève contre l’antisémitisme Jacques Maritain (1882-1973), philosophe français. Converti au christianisme en 1906, il fut l’un des grands penseurs catholiques du XXe siècle.
Né à Paris, études de philosophie et de sciences à la Sorbonne, disciple d’Henri Bergson, agrégé de philosophie.
Rencontre Raïssa Oumançoff (née en 1883 en Russie), fille d’émigrés juifs arrivés à Paris en 1893. Ils se marient en 1904.
Jacques et Raïssa, accompagnés de Véra, la sœur de Raïssa (1886-1959), qui vivra avec eux, entrent dans l’Église catholique par le baptême le 11 juin 1906. Ils découvrent la pensée philosophique et la théologie du penseur médiéval Thomas d’Aquin, qu’ils se voueront à promouvoir et continuer à travers tous les domaines de la philosophie.
Leur maison de Meudon est un foyer spirituel d’accueil et d’amitié où ils reçoivent célébrités ou inconnus, artistes, intellectuels, venus de tous horizons et de tous pays, croyants ou incroyants.
Art, sciences, politique, morale, religion, toutes les questions sont abordées dans un climat intellectuel et chrétien de recherche de la vérité et d’accueil, au temps des débats et de la crise de civilisation marquée par l’irruption des totalitarismes. Humanisme intégral (1936) est l’ouvrage le plus célèbre de J. Maritain ; à la même époque, le philosophe est l’une des grandes voix qui s’élève contre l’antisémitisme.
Professeur de philosophie à l’Institut Catholique de Paris depuis 1914, J. Maritain multiplie les ouvrages ainsi que les conférences et contacts établis hors de France : à travers toute l’Europe, et dès les années 30, cours et tournées de conférences en Amérique du Nord et du Sud.
Début 1940, il est au Canada, puis à New York. La défaite de la France lui interdit le retour : la Gestapo le recherchait en arrivant à Paris. Depuis New York, bientôt en lien avec la France Libre, il est l’un des premiers écrivains de la Résistance.
En juillet 1944, le général de Gaulle lui demande d’aller représenter la France comme ambassadeur auprès du Saint-Siège. Dans les trois années qu’ils passent à Rome (1945-1948), les Maritain se lient avec Mgr Montini, proche collaborateur de Pie XII et qui deviendra pape en 1963 sous le nom de Paul VI. Le 6 novembre 1947, à Mexico, J. Maritain prononce un important discours sur la « Coopération dans un monde divisé », à l’ouverture de la Seconde conférence générale de l’UNESCO, qu’il préside.
1948 : J. Maritain reprend son enseignement aux États Unis, où une chaire de philosophie est créée pour lui à l’Université de Princeton.
1960 : après la mort de Véra, Raïssa meurt le 4 novembre, au cours d’un séjour en France. Elle est inhumée à Kolbsheim (près de Strasbourg) où leurs amis Grunelius les accueillent régulièrement depuis 1931. J. Maritain s’installe en France, à Toulouse, et regroupe leurs archives à Kolbsheim. Il fonde à cet effet le « Cercle d’Études J. et R. Maritain » en 1962.
1964 : le pape Paul VI, élu en 1963, consulte J. Maritain au sujet du Concile Vatican II. Les deux amis se retrouvent l’année suivante à Rome, notamment le 8 décembre 1965, pour la clôture solennelle du Concile, où le Pape remet à J. Maritain le « message du Concile » adressé aux hommes de la pensée et de la science.
28 avril 1973 : décès de J. Maritain à Toulouse ; il est inhumé à Kolbsheim.
Association fondée par Jacques Maritain en 1962, héritière de ses droits, le « Cercle d’Etudes Jacques et Raïssa Maritain » conserve les archives des Maritain (bibliothèque, manuscrits, correspondances) et depuis 1980 les ouvre aux chercheurs.
Le Cercle a publié entre 1982 et 2000 en 16 volumes les Œuvres complètes de Jacques et Raïssa Maritain.
Les Cahiers Jacques Maritain, publiés depuis 1981 par le Cercle, paraissent deux fois par an : publications d’inédits, études, correspondances, mise à jour bibliographique, etc.
Le Cercle collabore avec la Fondation Cardinal Journet de Fribourg (Suisse) pour publier la Correspondance Maritain-Journet, monument d’une collaboration constante entre le philosophe et le suisse Charles Journet, de 1920 à 1973 : plus de 1900 lettres, publiées en 6 volumes. http://www.maritain.fr/index2.html _________________ « Tu es grand, Seigneur, et louable hautement… Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose pas en Toi » (saint Augustin).
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| | | Pearl Admin
Messages : 12868 Date d'inscription : 12/02/2014
| Sujet: Re: Jacques et Raissa Maritain, un couple indissociable Jeu 4 Mai - 9:42 | |
| Expo : La relation entre le philosophe Jacques Maritain (1882-1973) et les artistes de son temps à Strasbourg
En décembre 2014, la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg faisait l’acquisition, grâce au concours exceptionnel de la Région Alsace, du fonds d’archives personnelles de Jacques et Raïssa Maritain, philosophes au cœur du monde littéraire, artistique et intellectuel du 20e siècle. Moins de deux ans plus tard, la BNU en propose une première restitution, sous forme d’exposition accompagnée d’un catalogue, abordant un des volets centraux de la vie et de la pensée de ce couple : leur relation à l’art et, plus concrètement, à certains artistes majeurs de leur temps. Jusqu'au 6 novembre 2016. Quand ? du 21/10/2016 à 15h10 au 06/11/2016 à 23h55 Où ? Strasbourg
À travers plus de 42 000 lettres manuscrites, des centaines d’ouvrages dédicacés par les artistes eux-mêmes et quelques dizaines d’oeuvres originales, ce fonds fait en effet apparaître des figures aussi marquantes que Georges Rouault, Gino Severini, Marc Chagall, Jean Cocteau et Jean Hugo pour les arts picturaux, Erik Satie, Arthur Lourié ou Igor Stravinski pour la musique, des poètes, des écrivains, des philosophes, tous marqués – par accord ou désaccord – par la réflexion de Jacques Maritain sur l’art et l’intuition créatrice. Fortement influencé par le thomisme, Maritain, philosophe de la mouvance du catholicisme social, a en retour nourri ses travaux de la relation forte et souvent longue qu’il eut avec ces artistes et avec leurs oeuvres.
QUI ETAIT MARITAIN ?
Né à Paris, fils de l’avocat Paul Maritain et de Geneviève Favre, fille de Jules Favre, il grandit dans un milieu républicain, laïc et anticlérical. A l’issue de sa scolarité au Lycée Henri IV, il entreprend des études de philosophie et de sciences à la Sorbonne. Très proche de Péguy, il l’accompagne au Collège de France aux cours d’Henri Bergson dont il devient un temps le disciple. Jeune militant dreyfusard puis socialiste, il rencontre Raïssa Oumançoff (1883-1960), fille d’émigrés juifs de Russie arrivés à Paris en 1893, avec laquelle il se marie en 1904.
Baptisés en 1906, et filleuls de Léon Bloy, Jacques et Raïssa Maritain partagent une foi catholique fervente et découvrent la pensée philosophique et théologique de Thomas d’Aquin, qu’ils se voueront à diffuser et à prolonger. Agrégé de philosophie en 1905, professeur à l’Institut catholique de Paris de 1914 à 1939, Maritain publie durant l’entre-deux-guerres une oeuvre abondante et éclectique : ses principaux travaux croisent la métaphysique thomiste et les courants philosophiques modernes, de Descartes à Bergson. Mais son épistémologie de la connaissance passe aussi par la philosophie de l’expérience mystique et la philosophie des sciences.
D’autres ouvrages sont consacrés à la notion de philosophie chrétienne, aux liens entre religion et culture et à la philosophie de l’art, domaine qu’il explore dans toutes ses dimensions. Proche de l’Action française au début des années vingt, il s’en détache peu à peu et lorsque Pie XI condamne le mouvement en 1927, il est chargé d’expliquer « Pourquoi Rome a parlé ». Primauté du spirituel (1927) et Du régime temporel (1933) le conduisent à la philosophie politique. Proche de la nouvelle génération « non conformiste », il accompagne Emmanuel Mounier et la revue Esprit (1932) et influence la mouvance démocrate-chrétienne. Au tournant des années 1930. Il apparaît comme une figure majeure de la philosophie et de la pensée sociale catholiques, ce que confirme en 1936 la publication d’Humanisme intégral. http://www.narthex.fr/events/expo-la-relation-entre-le-philosophe-jacques-maritain-1982-1973-et-les-artistes-de-son-temps-a-strasbourg _________________ « Tu es grand, Seigneur, et louable hautement… Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose pas en Toi » (saint Augustin).
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